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Bris de rêves ou désirs fugaces ?

Lorsque j’étais jeune fille, 20 ans et tous mes rêves au bout des doigts, une dame de 50 ans et tous ses rêves foulés au sol me dit : « Quand vous aurez votre appartement, votre mari et vos enfants, vous ne pourrez plus écrire, ce sera terminé. »

Le verdict est tombé comme ça, sans mise en forme et je me souviens m’être immédiatement dite que ma réponse façonnerait l’avenir de mon écriture. Là, à cet instant présent, dans cette brève discussion se jouait la vie d’un rêve. 

Il ne tenait qu’à moi de donner mon accord ou non à cette affirmation.

Avec le recul, et entre temps la lecture des « 4 accords Toltèque » de Don Miguel Ruiz, je mesure la puissance des mots et ce qu’ils peuvent être capables de faire. Construire ou détruire, motiver ou casser, abreuvant l’autre d’eau fraîche ou d’eaux usées…

Donner son accord c’est accepter de vivre selon la projection qu’ils font d’eux sur autrui.

Et cette dame avait de grands rêves… elle en parlait comme d’enfants morts, jadis.

Dieu merci, je n’ai pas donné mon accord à cette affirmation. Pourtant s’aurait été facile : j’étais en passe de vivre en couple selon un modèle préétabli, donnant mon accord pour l’enfermement et plusieurs bébés, avec la maison, la voiture, le chien, les repas de famille et tout ce que je déteste absolument : la routine. 

Je vous raconterai dans un autre billet comment d’une femme menottée je suis devenue in extremis un mustang libre.

Même si j’avais eu cette vie, l’une de mes devises est : quand on veut on peut. Se lever une heure plus tôt chaque matin pour écrire est possible. Une mère de famille peut écrire plusieurs livres de la sorte, certaines le font. Leur rêve les soutienne, les porte, les élève !

Une heure par jour, chaque jour, pendant un an c’est 365 heures face aux mots, soit deux semaines pleines, jour et nuit, ou encore 46 jours de travail à 8 heures par jour avec week-end. 
Une heure d’écriture par jour sur un an c’est comme se dire que sur cette année, 46 jours sont réservés à travailler 8h par jour pour un métier que l’on adore.
46 jours inventés à placer dans une vie surchargée.
46 jours issus du fruit de votre rêve, de votre motivation, du courage et de la foi.

Ne laissez jamais personne vous dire que votre rêve est impossible. Peu importe ce que vous vivez, si c’est votre rêve viscéral, vous trouverez toujours une solution pour le réaliser. Sinon ce n’est pas un rêve, mais un désir.

Les désirs sont faits pour mourir d’eux-mêmes ou être assouvis sinon frustrés. Les rêves pour être nourris et réalisés. 

A cette dame, j’ai répondu quelque chose comme « J’essaierai, même si ce sera difficile » au lieu de répondre par un soupir de résignation, comme je l’ai fait face à mon professeur de Mathématiques, à 13 ans, lorsqu’il m’annonça que mon rêve de devenir volcanologue pouvait bien aller brûler au cœur du cratère car ce métier était bouché et que de plus, il fallait être excellente dans la matière qu’il enseignait. Ce que je n’étais pas. Du tout.

J’avais beau adorer les volcans et vouloir être volcanologue, si un inconnu a été capable de terrasser mon rêve en quelques mots, c’est que ce n’était qu’un désir. Et, en effet. J’ai presque immédiatement choisi un autre métier sur ma feuille d’orientation, mais jamais, jamais je n’ai inscrit « écrivain ». Parce que dans les années 90, (dans mon souvenir et selon la disponibilité des classeurs) les fiches du CIDJ n’offraient que la possibilité de choisir « écrivain public » comme métier. Pour moi, on était écrivain non pas de métier, mais d’exception, comme les stars d’Hollywood qui avec rien sont devenues tout. 

Là aussi, dans un autre billet, je vous parlerai de ces fameuses fiches d’orientation qui pourrissent pas mal de désirs et désorientent les rêves…

Pour l’écriture, toutes les remarques et tous les avertissements que j’ai pu recevoir n’y ont jamais rien fait, pas la moindre égratignure : c’était et c’est toujours mon rêve. Et je le vis avec une passion digne des plus grands amoureux de toute la littérature de ce monde !

Même si, toute jeune, j’étais persuadée que l’on ne pouvait pas en faire un métier (par désorientation et manque d’information), je n’ai jamais désespéré d’écrire. On écrit d’abord pour soi, c’est un art de vivre et si d’autres nous lisent, apprennent des choses, tremblent ou rêvent via nos mots, c’est ce que j’appelle un « sublime collatéral ». Si en plus on peut en vivre, c’est un aboutissement digne du couronnement. Nous sommes alors Roi ou Reine de notre vie.

Croyez en vos rêves, ne les désorientez pas avec des informations nulles ou manquantes. Laissez-les simplement vous porter, être la jauge de votre bonheur. Trouvez une solution pour les vivres au quotidien puis progressivement, laissez les ailes pousser dans votre dos puis… envolez-vous comme un aigle, libre et royal, parce que les cieux sont votre royaume !

Illustration :

« La Littérature » de JessBaileyDesign

Publié dansBLOGPensées

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