Uncolored Wishes – « Fragrance » (2011)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
Octobre 2011 | LP | Manitou/Pervade | Heavy rock progressif | France |
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Track-list :
1) Penitents On The Hight Wire
2) Children Of Contempt
3) Dear Adélie
4) Stars & Stripes On Iwo Jima
5) Sakountala
6) Paradoxical Dream
7) Fragrance
8) Red Doll Romanov
9) Spiritual Food
10) Hudson Lowe
Line-up : Marc Tari : Vocaux – Chris Mesples : Claviers – Gabriel Jacques : Guitares – Anthony Forest : Basse – Olivier Gotillot : Batterie.
Membres additionnels : aucun.
Si vous attendiez de cette chronique quelque chose de plus que celles déjà réalisées par d’autres, je puis vous dire que vous êtes sur le bon webzine. Toutefois, je dois m’aligner sur l’avis unanime de tous : Fragrance est un chef d’œuvre.
Le CD placé dans le lecteur et c’est l’univers qui bascule. Premières paroles, premières notes : envolée immédiate vers une dimension que l’on ne soupçonnait pas d’exister… Du début à la fin, nulle déception mais une surprise, l’envie d’appuyer sur replay, l’envie de boucle infinie, comme un besoin vital.
Fragrance est un parfum musical enivrant, une note qui en comporte des milliards d’autres, s’imprimant sur la peau par tant de frissons qu’il faudra les sentir plonger jusqu’aux veines pour pouvoir les décrire.
Hélas, je dois avouer qu’après des semaines dont les heures furent presque exclusivement bercées de cet album, ne sortent de moi que d’infimes volutes de mots pour vous en parler.
Alors vous comprendrez que le monde peut parler de la merveille d’Uncolored Wishes, cela ne suffira jamais : c’est un album qui ne souffre pas la critique, les synthèses et autres analyses du genre : simplement l’écoute et l’envol.
Laissez-moi être votre humble guide à travers les titres de Fragrance pour qu’imprégnés de la musique, vous puissiez l’être aussi par les paroles. Car si Uncolored Wishes tend à se démarquer musicalement, la volonté du chanteur, Marc Tari, est d’ajouter les mots justes à ces mélodies dans l’unique but de réveiller les consciences, sans propagande, sans avis, seulement des questions essentielles face à notre monde.
L’album commence par nous donner la couleur avec « Penitents On The High Wire« . La voix de Marc, suivie de la guitare de Gabriel Jacques précède un sursaut de la batterie d’Olivier Gotillot et de la basse d’Anthony Forest qui réveille les claviers de Chris Mesples. L’ensemble taquine les électrons et grandit en énergie pour s’en gonfler davantage à chaque reprise de voix. Sur le refrain, la voix de Marc est une tornade de folie sur les claviers qui lui offrent des paliers d’ascension fantastiques. Un interlude de guitare d’une totale intimité, où je ne peux m’empêcher d’imaginer Gabriel conversant avec son instrument, intervient sur la fin du texte pour se prolonger jusqu’à ce que l’on puisse entendre la basse d’Anthony remettre les ténèbres sur le texte :
« We walk on high wire, we walk on high fire«
« Our fate was like the water that splashes on a stone
Our faith was like our music it’s here and then is gone.«
« Penitents On The High Wire » est un titre de questionnement personnel, directement inspiré de l’histoire de la célèbre série télévisée Lost. Un panel d’humains qui se crashent en avion sur une île inconnue, destinés à survivre. Que se passera-t-il alors, si l’on devait subir un tel cauchemar ? Recréerions-nous une société avec sa hiérarchie, serions-nous plus sages, plus civilisés ? Ou en viendrait-on inévitablement aux armes, à l’envie du pouvoir… aux massacres ?
« Children Of Contempt » retrace la tuerie qui a eu lieu à l’université de Colombine aux USA où deux adolescents avaient débarqué armés et tué douze élèves et un professeur avant de se donner la mort.
Cette chanson est sublime d’ironie, un rien cynique et totalement dramatique. On démarre avec l’appel téléphonique à la police d’une élève effrayée. Transition brutale entre cette voix brouillée et la musique infernale d’Uncolored Wishes : le bruit du chargement d’un fusil à pompe. La voix de Marc est incroyablement détachée de la tragédie, reprenant le texte d’un présentateur du journal télévisé qui tout aussi détaché, annonce la tuerie qui précédera une absurde météo sans la moindre transition…
« Children Of Contempt » ne signifie rien d’autre que « les enfants du mépris« , nom donné à ces gosses dont l’esprit a peut-être trop subit le poids des structures, la course à la réussite, le combat pour la reconnaissance et qui finalement, sont entrés en folie absurde jusqu’à s’armer et mettre fin à la vie d’innocents, dans cette université qui pour eux n’avait plus aucun sens. Un exemple parmi d’autres, Colombine est une illustration de la violence de ces enfants du mépris.
« Everybody involved in the dance and its attendant absurdity
You can count on my hunting violence
I’m driving you to eternity
Right now ! prove your faith in God !«
Aussitôt les première notes jouées, la guitare demande le silence et seules la batterie et la basse offrent une scène enténébrée à la voix de Marc qui, grave et grinçante, reprend peut-être les mots d’un de ces adolescents:
« All is quiet around us on this tuesday
I like the new leather’s smell of my bags
The usual noise wiil be brocken by may shots away
You should try to get a last chance in the zigzag«
La guitare de Gabriel revient progressivement puis la batterie d’Olivier reprend son rythme effréné.
Tout le reste de la chanson est ainsi, un rythme lent puis rapide, une scène sombre, une voix douce puis criarde, des cris mélangés à la météo, aux chœurs, aux sons qui semblent s’entrechoquer : une superbe représentation musicale de la surprise, du cauchemar, de la peur, amenant progressivement l’espoir jusqu’au silence.
Ce titre est un acte d’une pièce de théâtre magistralement jouée.
« Dear Adélie » est une nappe de douceur sur laquelle un capitaine aura posé un écritoire, une lampe à huile et le portrait de l’être aimé. Peut-être. Dans une cabine de bateau, cette main d’homme trace des mots sur un papier à lettre à sa femme, Adèle… Il y a ces navires, l’Astrolabe et le Zélée, prisonniers des glaces, la souffrance des hommes mais tout le courage de grandes âmes aventurières.
« Among the white ice away.
We never lost our courage.
We never lost our faith in god.
Hard is our patience to allay.
We never lost our goal.
We never lost our faith in lord.«
Et dans les moments de fatigue, de solitude, là où l’homme ne sait plus conforter l’homme, il y a la pensée pour la femme qu’on aime, la passion première qui demeure : l’amour tendre d’une femme, quelle qu’elle puisse être.
Le tempo ce calme dans ce titre, laissant Chris ouvrir les cages de ses claviers pour en libérer de superbes nuages blancs, aussi blancs que la glace qui encercle ces marins. Ils perdurent, lâchant ça et là un souffle froid, qui semble se prendre dans les cordes de la basse. Ici, la batterie semble gelée, plus lente mais plus forte, comme engourdie. La voix y est particulièrement belle. Elle hurle en murmurant, comme ces cœurs qui pensent trop haut leurs prières : on n’entend plus que ce que Marc veut bien nous donner. L’ambiance est réussie, les samples sont légers et les effets toujours savamment dosés. Il y a ces bruits de coques de navires rencontrant la glace, les cordages qui grincent, le vent d’une banquise silencieuse, le chant des marins… Une poésie superbe.
« Stars & Stripes On Iwo Jima » reprend les rennes de l’album avec un son un peu electro qui n’est qu’une brève introduction, car la guitare enchaîne quelques notes aiguës en compagnie d’un clavier qui renvoie quelques « notes-paillettes » dignes des années 80. C’est du moins l’effet que ces sons me donnent, et je pense au drapeau des USA.
Car cette chanson est un peu dédicacée à la mémoire de Ira Hayes, un amérindien qui a participé à la prise du Mont Suribachi sur l’île d’Iwo Jima. La célèbre photo du drapeau planté par ces soldats, prise par Joe Rosenthal restera l’un des plus grands symboles de la guerre. Et pourquoi ?
« Soldier ! US forget you !«
Et c’est bien là le drame de tels sacrifices : au retour, après la cérémonie de décoration, c’est l’oubli du peuple et la mémoire si imprégnée du sang des autres qu’il ne reste que les échappatoires. Ira Hayes sombra dans l’alcoolémie… oublié de tous.
Dans ce titre, la voix de Marc porte très haut sur la fin et déchire la plage son avec une telle puissance ! Parfois même, au détour d’une phrase comme « I tried to move not to grieve » on entendrai presque les accents de Chris Cornell, si spéciaux dans l’album Superunknown de Soundgarden…
« Sakountala » est un des meilleurs rythmes musicaux qu’il m’ait été donné d’entendre.
La chanson démarre avec une ambiance glauque alimentée par une guitare désaccordée. La voix d’Isabelle Adjani, reprise du film « Camille Claudel » lors de l’écriture d’une lettre à son frère Paul, est diffusée sur fond de notes de piano. Marc verse sur ces mots une répétition, ajoutant au dégoût que Camille Claudel, célèbre sculptrice française, avait pour la « maison de fous » dans laquelle on l’avait fait internée. A tort.
Ici le texte est touchant, les mots absolument justes, la voix entre ombre et lumière. Quelque chose de Rammstein évolue dans ce titre, mais aucune copie, rien qu’une inspiration qui rend le tout excellent. La voix, exceptionnellement grave, parvient à nous imager l’abysse de l’âme de Camille, prise dans son délire mais loin d’avoir perdu l’esprit.
« Offence is done to morality.
Nakedness for eternity.
Madness preserves for ever the mystery.«
Sakountala est l’une des sculptures les plus célèbres de l’artiste, également appelée « L’Abandon« , un bronze représentant l’abandon de soi à l’autre, l’amour inconditionnel, la représentation d’un amour passionnel, elle et son maître, Rodin…
Au milieu du titre, un interlude absolument épatant. Il y a comme une partie de chaque membre du groupe qui verse dans ce rythme, toujours révolté, toujours beau, délicieusement repris par cette batterie qui récupère sur ses peaux toute la puissance offerte par chacun. Le cri déchirant d’Isabelle Adjani revient dans ce passage qui hurle « Rodin ! » par trois fois, enfermée derrière ses barreaux. A vous couper le souffle !
Alors la voix de Marc repart de plus belle, se transfuse de toute cette énergie et hurle l’offense faite à la morale, accompagné par de merveilleuses notes d’un piano angélique…
« Paradoxical Dream » est une émotion forte qui semble appartenir au chanteur comme un sentiment que j’éprouverai de très personnel. Quelque chose qui ne se dit pas, qui se ressent, qui s’agite en nous comme des pensées qu’on étouffe dans l’œuf, de peur que le sentiment ne tourne au ressentiment. Envers notre propre personne. Se libérer de la solitude pour être libre…
Un véritable questionnement de soi.
« Our scares drink the poison running in my veins
Decide the way you live !
Here i am
The dreams hate the reason masked under the veil
I feel the shame inside
Here i am«
L’introduction musicale dure plus d’une minute et chaque instrument parle plus ou moins à tour de rôle, chevauchant la mélodie de chacun. L’ensemble se réunit ensuite comme une tresse à quatre brins pour s’enrouler autour de la voix cumulant deux pistes : une en chuchotis, la seconde en cris.
La guitare de Gabriel est si présente dans ce titre, mise en avant comme un second chant qu’elle semble soutenir la voix de Marc et l’élever plus haut, la portant sur ses merveilleux interludes.
« Fragrance« , dont l’album porte le nom est un voyage vers l’Inde, là où le Gange prend sa source, là où Shiva fit naître une fleur d’eau dont le parfum, créé par le bonheur de Bouddha devant cet acte divin, s’écoule tout le long du courant du fleuve… Une fragrance divine respirée directement par l’âme, transmise à la sérénité, hypnotisant le voyageur en quête de bien-être, vidant son corps de toutes effluves réalistes, n’y laissant que le ciel de la quiétude, le Nirvana…
« Mesmerised light in a fragrance spell.
A divine wind forever
Mesmerised light in a fragrance spell,
Something change today
Mesmerised light«
Longue introduction de plus d’une minute pour ce titre également, plus calme sur sa lancée avec une guitare plutôt discrète, douce, enivrante même, sur fond de cithare et de gammes féminines.
Ce qui prédomine ici c’est l’entrée en méditation, qui va perdurer même si le rythme reprend de façon énergique, car les claviers vont développer des notes typiquement indiennes, parfois presque orientales, doublées par un luth. Tout un jeu de cordes pour une voix heavy qui sait s’énerver au bon moment pour extraire ce qu’il lui reste de trop humain. Puis s’évade en gammes… S’évade…
Si je devais avoir une chanson favorite dans cet album, ce serait sans doute « Red Doll Romanov« . Superbe de tragédie grâce à la voix de Marc qui est marquée d’horreur. Car c’est bien d’horreur qu’il s’agit lorsque l’on reprend le massacre de la famille impériale de Russie en 1918. La voix prend toute son ampleur, bercée par les instruments qui empruntent tous ce même son lourd, chargé. Rien ne prend d’ascension, au contraire, les notes pèsent vers les cadavres dont celui de la toute jeune Anastasia…. On l’aura cru épargnée par un soldat, peut-être prise en pitié, mais plus tard l’ADN révélera que le massacre fut bien total et ô combien horrible.
« Now somehow for moscow
I gotta go
I will never know
All that i leave behind
Are the secrets of my mind
And nineteen years of innocence
I was made for the fun
My diamond eyes saw gun
ecstatic sight of terror«
Ce titre, qui commence et termine par une voix féminine reprenant la célèbre chanson Russe « Katyusha« , est terrifiant. L’innocence mêlée à l’atrocité d’actes barbares, l’absurdité totale de l’humain, l’inexistante pitié face aux vies auxquelles on met un terme par arrêté politique, tout, absolument tout cet écœurement se retrouve dans la voix de Marc qui vomit littéralement une douleur à en faire saigner l’âme attentive. Il n’y a pas un simple chant ici mais un hurlement, comme un désespoir terminant sur un clavier offrant une nappe évanescente pour refermer le passé sur une comptine cruelle, Katyusha et les lettres de son amant tué au combat…
« My life had just begun.
i’ll never know«
« Spiritual Food » intervient derrière les sons d’orage et de pluie sur le carreau du titre précédant pour ré-alimenter l’oreille en énergie folle. Un rock’n’roll plutôt speed avec des claviers qui me rappellent agréablement celui de Jerry Lee Lewis ! Côté texte, une révolte de plus contre une société trop hype où les précieuses comptent leurs pierres sur les doigts. Un mélange entre liberté, appartenance à la religion du « ni dieu ni maître » etc.
Il est vrai que placer ce titre juste derrière « Red Doll Romanov » fait l’effet d’un véritable électrochoc ! Mais Uncolored Wishes n’est pas là pour faire dans le flan musical : il faut que ça bouge, il faut que ça vive et surtout ne pas se prendre au sérieux. Rendre hommage mais ne pas s’attarder. Alors on secoue les romantiques avec un rythme endiablé pour terminer sur un exil.
Cet exil, c’est celui de Napoléon 1er sur l’île de Sainte Hélène, dont parle le dernier titre de l’album, « Hudson Lowe« .
On ralentit le tempo, la basse résonne vraiment bien sur ce titre. Honneur aux claviers ici encore qui placent un décor musical de qualité, jouant avec des effets sophistiqués mais ne faisant jamais dans l’excès, ce qui donne un équilibre parfait lorsqu’Olivier revient avec sa batterie, rappelant à l’ordre le choeur instrumental qui repart de plus bel. La voix est heavy à souhait, avec un bel effet de réverbération relativement léger, ce qui ne gâche rien de la puissance vocale. Ce titre est une réussite totale, une balance d’exception entre la musique et la voix, entre le texte et sa signification. Presque un film sonore.
“You will never make me go.
On this way i’ll never know.
Surrender ! you’re in surrender.
For your wars, against the law,
Your jailer is Hudson lowe.”
Hudson Lowe, geôlier de l’Empereur exilé, légendaire masque de dureté et ennemi de Napoléon. Six années d’affrontement entre deux hommes de tête. Lequel des deux aura eu le regret de ses actes ? La solitude de Bonaparte aura-t-elle réussit à le mettre face à ses génocides ? Lowe face a ses propres cruautés envers son prisonnier et d’autres ? Qui jamais saura ce que ces esprits auront rencontrés sur l’île de Sainte-Hélène ?… Hudson Lowe tombera en disgrâce à la mort de son ennemi qu’il reconnaissait être un grand homme… La disgrâce, la pauvreté, la mort… Nulle liberté pour cet esprit étroit, fermé : il fut le propre geôlier de ses regrets.
Ce visage sévère clôture l’album avec un son rappelant une lourde porte de fer se refermant.
Comment s’arrêter ici ? Après ce partage intelligent, ces échanges de sentiments, cette culture générale, comment ne pas relancer le CD et revenir sur un « Penitents On The Hight Wire » ?!
Fragrance est un album absolument passionnant.
Si je mets beaucoup l’accent sur la voix de Marc Tari, c’est qu’au-delà du chant, il se passe une véritable alchimie musicale, une magie qui de sa gorge à la nôtre noue une corde vocale invisible. Sa voix devient la nôtre. Sa révolte coule dans notre propre bouche et au ventre se diffuse un peu de ses maux. C’est une voix qui s’écoute mais surtout se ressent. Il démontre tout le long de cet opus la beauté de son chant, entre heavy, death, rock, parlé… Une panoplie de sons différents, un coffre à enchanter les grands de la scène heavy, à faire pâlir les jaloux et enchanter les amoureux des voix à âme, comme moi. Bien évidemment, Uncolored Wishes c’est aussi quatre musiciens très talentueux et j’aimerai profiter de cette chronique pour m’attarder encore un peu… par plaisir, je l’avoue.
Gabriel est un guitariste de talent, un excellent musicien contrôlant son instrument comme le magicien sa baguette. S’il sait offrir des sons nouveaux et donner son identité musicale à Uncolored Wishes, il sait aussi sublimer le monde avec seulement six cordes et sa passion pour Dame Musique.
Chris a une maîtrise totale de ses touches blanches et noires. Le dosage des claviers reste assez difficile : il faut que l’équilibre avec les autres instruments se fasse. Pour cela, la légèreté est toujours de mise chez Uncolored Wishes, ce qui fait paraître Chris comme un arrangeur d’ambiance, maître du décor et génie de la différence.
La basse d’Anthony, adossée à la guitare, rend ses graves plus puissants encore. C’est un des instruments dont on ne peut se passer et pourtant celui que l’on peine le plus à entendre d’entre les autres, en général. Mais je peux vous assurer qu’il gère on ne peut mieux le caractère de sa basse et qu’il n’est pas non plus dépourvu d’habilité.
Olivier, dont la batterie me semble être le squelette du groupe, soutient tous les morceaux avec une double efficacité : douceur et férocité. Il ne se contente pas d’un jeu simple et je remercie les hors temps qui parcourent ça et là l’album, ce qui l’enrichit indéniablement. Si la partition lui impose parfois le silence, lorsqu’il sort de l’ombre pour jouer sa partie cela se fait toujours avec adresse, les caisses résonnant plus fort que notre coeur…
Si Fragrance est une surprise du genre, je dois également insister sur le fait que son chanteur est une révélation pour la scène métal, vous me l’accorderez dès la première écoute. Uncolored Wishes est un espoir français qui saura bouleverser tant par sa musique que ses textes. Un espoir, que dis-je ?! Un des grands groupes de demain.
Côté production, je dirai qu’elle est irréprochable. Cela fait plaisir et rend l’écoute d’autant plus addictive.
Concernant le CD, il s’agit d’un boîtier cristal standard.
La pochette est une image pleine, représentant une jeune femme assise sur un canapé, plutôt inquiète à la vue de ce flacon de parfum ouvert non loin d’elle, posé sur un guéridon. Entre ce meuble et elle, un vieux téléphone dont le combiné est décroché. La fragrance s’échappe et par la fenêtre se dévoile l’univers.
Le design du livret est très simple, de blanc et de rose, des tons pastels qui parcourent les couvertures. Toujours entre ombres et lumières, deux typographies différentes qui se superposent, l’une rose plutôt manuscrite, l’autre standard et noire. Pour les paroles, l’utilisation du pâté habituel en majuscules me déçoit un peu. Chaque vers est séparé par un carré noir.
Pour un tel chef d’oeuvre, j’aurai espéré au moins un livret plus fourni, avec une traduction en français pourquoi pas, histoire de rendre hommage à la beauté de nos mots, le nom des membres sous leur photo aussi pour faire un peu connaissance et qui a écrit les textes, composé les musiques…
Rien de bien méchant je vous l’accorde, je chipote et le concède tout autant, mais à trop aimer on en vient à trop en demander… ou jamais assez !
…je n’en aurai jamais assez…
Le CD tournera encore longtemps dans le lecteur, je ne cesserai de frissonner. Je ne saurai que trop vous conseiller d’opter pour l’achat de cet album, second opus d’un groupe dont les membres particuliers, aussi humbles que géniaux, nous promettent de doux rêves d’avenir, enchantés d’Uncolored Wishes…