Corset Corps céleste
J’avais eu l’idée de faire un corset bleu nuit, de préférence en satin pour sa brillance, afin d’incarner la voûte céleste. Ici, point de busc car j’ai voulu conserver le devant pour y coller des strass, plus ou moins gros, afin de représenter la constellation du signe zodiacal de son porteur. Ici, le Gémeaux !
Avec le recul, je m’aperçois que ça plisse beaucoup trop… Il faudra sûrement une seconde version, un jour. Qu’en pensez-vous ?
Tissu satin, lacet coton, biais en satin. Intérieur sergé de coton.
Pour ce corset aussi, Gabriel Leroy m’a écrit un poème. « Corps céleste », texte issu du recueil « Les métamorphoses de la Muse ».
En habits de ménade, en grâce de Cybèle,
sur l’herbe de minuit que la brise ensorcèle,
alors qu’aux alentours tout était apaisé,
l’amoureuse envoyait vers le ciel un baiser.
Son geste se portant vers la nuit constellée
hélait une lueur qui s’en était allée.
Les phalanges plongeant dans le fluide aérien,
elle désespérait de n’en ramener rien.
Comme des sables d’or qui nagent en eau vive
que l’on voudrait toucher mais qui toujours s’esquivent,
les lueurs au lointain qui faisaient son désir
malgré ses vœux jamais ne se pouvaient saisir.
Le ciel se refusait à sa main solitaire.
L’insaisissable aimé se nommait Serpentaire.
La belle regardait au treizième cadran
ses amours se noyer au nocturne courant.
Lorsqu’elle eut dans sa gorge éraillé tous les psaumes,
qu’elle eut repris le geste et pleuré dans ses paumes,
un miracle se fit dans l’eau d’obscurité.
Elle avait dans les mains les trésors diamantés.
Elle les possédait au miroir de ses larmes.
Evadé de sa bouche, au creuset de ses charmes,
alors qu’elle embrassait ce liquide reflet,
s’épandit sur sa peau ce feu qu’elle voulait.
Il était, au couvert d’une éclipse de lune,
descendu la toucher, et pour toute fortune
ardemment il posa des baisers étoilés
au sein qu’elle tenait entre ses doigts salés.
Ils roulèrent dans l’herbe et dans la délivrance
jusqu’à ce que l’un deux prononce la sentence.
« La lune va venir. Et je pars à regret.
Car je ne peux rester. Ta pâleur me tuerait.
Un jour je t’offrirai la légende romaine,
aux chimériques cieux dont je te ferai reine.
J’aurai chassé pour toi les serpents de l’éther,
et prêté l’empyrée aux douceurs de ta chair.
Toi fille du Gémeaux que les astres jalousent,
quand nous serons là-haut, seras-tu mon épouse ? »
La lune en cruauté se répandit alors,
emportant dans la nuit de la poussière d’or.