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Corset Belle écorce

J’avais repéré ce tissu chez Mondial Tissus. Il m’a immédiatement fait penser à l’écorce et je le voyais déjà en corset. Seul bémol : sa texture. Légèrement « froissé » et fin, je me demandais si le rendu serait bon, avec toutes les lignes de coutures nécessaires aux casiers des baleines. Et bien ce fut, je dois le dire, une belle surprise !

Tissu polyester et lacet coton, biais en satin. Intérieur sergé de coton.


Poème de Gabriel Leroy, inspiré par ce corset.
Il s’intitule « La Belle et l’écorce ». Ce texte est issu de son recueil « Les métamorphoses de la Muse ».

Aux bois des cauchemars d’où le ciel s’est enfuit, 
une âme était perdue, jetée dans la froidure,
dans les harcèlements de la déesse nuit,
offerte à des baisers qui se faisaient morsures.

Se heurtant aux hasards et les lèvres à vif,
la promise saignait dans les ronces mouvantes,
sans cesse se blessait en gestes fugitifs
dans les férocités de la vorace amante.

Elle jeta soudain sa peau couleur de lait
sur le tronc d’un grand chêne. Et, fruit de son vertige,
elle entendit ces mots - L’écorce lui parlait. -
« Dis-moi soyeuse fleur pour te plaire que puis-je ? »

L’arbre était tout comme elle écorché par la nuit.
Mais leurs sangs se mêlaient dans une étrange extase.
Dans leur douleur unie, se pressant contre lui,
« Mon arbre, emmène-moi ! » fut sa première phrase.

Elle fit le souhait de s’en aller d’ici,
de n’être plus l’oiseau qui ne sait pas les nues,
de fuir cette forêt de songes indécis,
vers là où les éthers sont à perte de vue.

Alors dans ces yeux verts le chêne se souvint
qu’une clarté subsiste aux plus noires des brumes,
que là-bas dans la ronce au-delà des ravins
fut un jour une source aux dentelles d’écume.

Ils s’y étaient aimés dans des temps très anciens
alors qu’il était vouivre et elle enchanteresse.
Là, métamorphosé, ses doigts entre les siens,
il y fut son amant le temps d’une promesse.

Mais le siècle punit ceux qui brisent ses lois.
L’homme fut pétrifié et la source tarie.
La belle fut damnée à errer dans ces bois
où femmes et dragons jamais ne se marient.

C’est pourquoi ce soir-là, touchant l’inespéré,
Le chêne l’exauça. Sur la main lactescente
il ferma son écorce. Si fort il a serré
si ardemment ce corps, ce corps brûlant d’amante

que l’esprit des forets, un corbeau sur l’épaule,
les a vus s’en aller, reniant leur destin,
les a vus s’élever entre les sombres saules
dans le libre incendie d’un plaisir clandestin.

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