J’ai eu vent de l’existence de Rita Strohl il y a quelques semaines, alors que j’écoutais Radio Musique. C’était un matin où je n’avais plus de connexion pour écouter mes titres favoris dans la voiture et, grande mélomane que je suis, j’ai allumé la radio pour tenter de trouver quelque chose de doux.
Cela faisait quelques jours que je luttais afin que ma mélancolie naturelle ne prenne pas le pas sur mes journées. En plein mois de formation pour permettre de faire grandir ma maison d’édition, j’avais besoin de mon masque de Lady Ice plus que celui de Lady Lucy. Mais dans ces cas-là, il n’y a rien à faire et la solitude que je peux ressentir dépasse l’entendement. La rime appelle, ainsi que la prose, et le désir d’enfermement vibre plus fort que la réalité que l’on nous impose. Dans ces moments, je crois pouvoir admettre avec certitude que je serais prête à tous les sacrifices pour un beau vers.
Vous devez penser que je m’égare mais non, rassurez-vous, cela fait partie de l’histoire.
J’étais donc à l’aube, au volant de ma vie, passant d’une station à l’autre. Soudain, les notes d’un violoncelle, accompagné d’un piano, résonnèrent directement à l’oreille de mon âme, comme si je connaissais déjà cette composition. J’étais sous le charme, emportée, conquise. Comprise.
Comprise, oui, car comme un signe, le morceau s’intitulait « Solitude » et cette « rêverie pour piano et violoncelle » m’a permise de tenir bon, absorbant mon spleen, le filtrant plutôt, pour n’en laisser que la pure essence créative, sans m’alourdir de toute l’angoisse qui s’y agglutine systématiquement.
À la fin du morceau, que j’ai eu le bonheur d’avoir presqu’en entier, j’entends que c’est une oeuvre de Rita Strohl. Dès mon retour, je me renseigne sur cette compositrice et découvre une énième consoeur de rêveries issue du 19e siècle, morte en 1941, oubliée de tous. Je lis qu’on ne l’a redécouverte qu’il y a peu, et que toutes ses oeuvres ont été respectueusement conservé par sa famille, à Lorient, en Bretagne.
Elle croisa les chemins, entre autre, du compositeur Camille Saint-Saëns, du poète Pierre Louÿs, ou encore du peintre Odilon Redon. Ce dernier la soutiendra dans son projet d’un festival de musique dans l’Essonne (91), mais cela durera à peine deux ans, se terminant avec le début de la première Guerre Mondiale.
Pleine de tempérament pourtant désireuse de ne pas participer aux mondanités parisienne, elle se consacra à la musique, et la musique se donna à elle. Il en résulta l’oubli, mais le regain d’intérêt de ces dernières années la met en avant comme elle le mérite.
Ses musiques de chambres, pièces lyriques et diverses symphonies n’ont presque pas été enregistrées, toutefois l’erreur se corrige malgré le fait que beaucoup de ses oeuvres soient encore inaccessibles, et déjà quelques volumes sont sortis. Volumes que, bien évidemment, je convoite !
Je vous laisse ici avec l’un des chants de Bilitis et ses roses dans la nuit…
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