Serre-taille Ruby
Ce serre-taille est tout simple : taffetas, biais noir sur lequel j’ai collé quelques strass rouge.
Rien à en dire de plus 🙂 Ruby est en référence à la couleur choisie, et parce que j’aime cette pierre précieuse.
Tissu taffetas, lacet polyester, biais en satin. Intérieur sergé de coton.
Gabriel Leroy a écrit un très beau poème pour ce corset, intitulé « Naïve ». Ce texte est issu du recueil « Les métamorphoses de la Muse » :
Qu’elle semble naïve assise là, rêvant
dans les épais coussins de pourpres satinées,
genoux joints, sagement, droite sur le divan,
dans le raffinement de ses jeunes années.
Des lustres de candeur s’écoulent sans hasard
dans ses cheveux tombant jusqu’à sa taille fine.
Son cœur semble se fendre à notre seul regard.
Au moindre frôlement frisonne son échine.
Elle baisse les yeux lorsqu’aux proches boudoirs
les clameurs des passions se substituent aux rires.
En ce lieu de débauche on dirait à la voir
qu’un ange s’est posé parmi les hétaïres.
De vos doigts soulevez son menton délicat
et le craintif oiseau détournera la tête.
Elle ne rit jamais, ne parle en aucun cas.
Demandez-lui son nom, elle reste secrète.
Vous les hôtes d’un soir, de près regardez la !
Même en songe un instant faites-la votre amante.
Les lampes dans ses yeux auront un double éclat,
une duplicité, une flamme intrigante.
Vous verrez. Sa peau d’ange a des reflets mordants.
Ecoutant les démons qui hantent la bâtisse,
vous apprendrez qu’un soir elle eut un prétendant.
Il la prit au boudoir, la voulant sans prémisses.
Longtemps on entendit leurs amours vagissants.
Et lorsque seule enfin elle en fut revenue
elle avait sur le corps quelques perles de sang.
Et des reflets de feu drapaient sa beauté nue.
L’on ne retrouva pas le fâcheux courtisan.
Le sang couvrait les murs. L’on fut pris de nausées.
La petite exhalait un plaisir malfaisant.
L’écarlate brillait sur sa bouche apaisée.
Elle avait ce regard et cet air satisfait
qu’a le grand toréro qui des enfers est maitre.
Et ce fut bien ce feu dans ses cheveux défaits
et le diable un instant que l’on a vu paraître.
Couvert d’un grand manteau il est allé s’asseoir
contre sa protégée et, flattant la timide,
l’effleurant tendrement de ses beaux ongles noirs,
il essuya le sang sur ses lèvres humides.